Durance
Que se passe-t-il au juste lorsque, relevant leurs bras derrière leur tête pour s’assurer de leur coiffure, innocemment ou pas, nos douces compagnes ouvrent à nos regards attentifs leurs aisselles bien épilées, ainsi que font les grands arbres de la forêt, quand ils déploient leurs fortes branches rugueuses ? Il existe un véritable vide éthique sur ce geste autorisé et pourtant bien indiscret. Autant que l’espace où se rejoignent les deux cuisses, celui où les bras s’articulent à la poitrine est un lieu secret, sensible, jadis protégé des mouches, moucherons, moustiques et autres bestioles par des poils bien entrecroisés, et dont l’ouverture assez rare doit être appréciée avec discrétion de peur qu’elle ne vienne à être réglementée…
À ce propos, un autre geste, non moins révélateur de l’arrivée de la belle saison, ne fait l’objet d’aucune législation écrite ou non écrite, c’est quand, au moment de s’asseoir sur un banc public ou sur un canapé de moleskine, nos compagnes relèvent prestement leur jupe ou robe, hop là ! pour poser directement leur culotte et la chair de leurs cuisses sur l’innocent et heureux mais pas toujours charitable matériau.
Le soir d’une belle soirée d’été, après une partie de baignade, Solange a ainsi fait pour poser ses fesses sur un tiède galet du lit de la Durance, ignorante de l’essaim de guêpes qu’elle avait emprisonné sous la robe jaune qui allait si bien avec sa chair cuivrée. J’entends encore ses cris jusqu’à la pharmacie de Lauris…
Ces rêveries m'ont été inspirées par la publicité de Pain de sucre capturée rue Paradis et par la rencontre de Solange au fort Saint Jean hier après midi.