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Dialogue carbonique


La Débutante dans la Vie : Père-grand, pour Noël, j’aimerais faire des expériences.

PG : Quel genre d’expériences, ma p’tite ?

La DDV : Toutes les expériences.

PG : Alors, je te conseille de commencer par la chimie organique. La DDV : C’est quoi, père-grand, la chimie organique ?

PG : La chimie organique, c’est quand on fabrique des végétaux.

La DDV : C’est qui qui fabrique les végétaux, père-grand ?

P-G : C’est le soleil, mon enfant, ça s’appelle la photosynthèse.

La DDV : Avec quoi il fabrique les végétaux, le soleil ?

P-G : Il mélange de la terre, de l’eau et des végétaux morts. Et même des bêtes mortes. La DDV : Des bêtes et des végétaux morts ? Alors, il fait des végétaux vivants avec des végétaux morts ?

P-G : C’est la loi de la vie, mon enfant. Les vivants se nourrissent des morts !

La DDV : Et toi, tu te nourris des morts, quand tu travailles, père grand ?

P-G : Bien sûr ! Je lis plein de vieux livres et d’autres choses, je mets des bouts de radio, des bouts de google, des bouts de conversation morte, je mélange bien et avec tout ça, je fais de nouveaux livres.

La DDV : La maîtresse nous a dit que les Aztèques, ils disaient que le soleil était un dieu.

P-G : Elle avait raison et les Aztèques aussi. Le soleil est le grand cuisinier de l’univers. Au moins, le soleil, on est sûr qu’il existe. On peut le remercier. C’est pas un dieu qu’on a inventé.

La DDV : Il fait quoi comme cuisine, le soleil ?

PG : Du carbone.

La DDV : C’est quoi, le carbone, père-grand ?

P-G : Le carbone, c’est c’qu’y a dans les plantes. Quand on en mange, ça nous donne de la force. Quand on en met dans un moteur, pareil, ça lui donne de la force.

La DDV : On met des plantes dans les moteurs ?

P-G : Évidemment ! L’essence, qu’est-ce que tu crois qu’c’est ? C’est fait avec des vieilles plantes, de l’herbe, des arbres. Pareil pour le charbon, pour le gaz.

La DDV : Alors, quand on mange, c’est comme quand on met de l’essence dans la voiture ?

P-G : Oui, on fait le plein de carbone.

La DDV : Et ça ressort à l’autre bout.

P-G : Exact. Ça s’appelle du CO2. Et l’estomac des voitures, ça s’appelle un moteur. Elles ont aussi des yeux, je veux dire des phares, et des jambes, je veux dire des roues…

La DDV : C’est quoi le séodeu, père grand ?

P-G : Le séodeu, c’est un nuage qu’on ne voit pas, mais c’est un vrai poison.

La DDV : La maîtresse nous a dit que si ça continuait comme ça, le soleil allait nous brûler.

P-G : Oui, c’est à cause du séodeu. S’il y en a trop dans le ciel, on va finir par griller…

La DDV : Alors, il ne faut pas que les moteurs et les hommes mangent trop de carbone, sinon, ça va faire trop de séodeu !

P-G : Tu as tout compris. D’une façon générale, il ne faut pas trop brûler de carbone. Celui qui est sous terre, il faut le laisser tranquille, arrêter de pomper du pétrole, du gaz et surtout de piocher du charbon. Et il faut planter des arbres au lieu d’en couper.

La DDV : Comme ça le Soleil sera content ?

P-G : Exactement ! Et les hommes se porteront mieux.


Photo : compression de César vue à Beaubourg le 27 décembre.

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