Laissez dormir les fossiles !
Vous avez vu la photo de Channi Annan ? J'espère qu'Associated Press me pardonnera de l'avoir piratée pour la bonne cause. Cette Vénus indienne est une chiffonnière qui émerge non des eaux mais d'une mer de plastocs où elle est enfoncée à mi-cuisses.
Je me mets mal avec tous les commerçants qui veulent absolument me refiler des sacs en plastoc et j'admire le pape François qui, trois ans après son encyclique Laudo si', vient de remonter les bretelles aux dirigeants d'Exxon Mobil, BP, Royal Dutch Shell et autres groupes : laissez dormir les fossiles (charbon, pétrole et gaz), leur a-t-il dit, c'est la condition pour limiter le réchauffement climatique à 2° ! Voilà de la bonne théologie...
En attendant, la consommation mondiale de plastique et de pétrole continue à augmenter chaque année, prouvant que les rivalités des hommes sont plus fortes que l'instinct de survie. Je me dis donc que si le salut doit venir de quelque part, c'est de l'alliance de la politique et de la science. La science a provoqué un nouveau Tchernobyl aux Antilles où l'agriculture est pourrie pour 5000 ans en répandant son chlordécone, le bien nommé, sur les bananeraies.
C'est pourtant elle qui nous sauvera si elle ne nous perd.
Ainsi, les néocotinoïdes devant être interdits en France à partir du 1er septembre, l'INRA s'emploie à trouver les moyens de remplacer la protection chimique par le biocontrôle, c'est-à-dire à lancer des insectes, des bactéries et des champignons complices à l'assaut des organismes nuisibles, à épandre des substances naturelles, à aménager le paysage pour favoriser la présence des ennemis naturels des parasites. J'ai aussi noté qu'on commençait à Senlis, dans l'Oise, et ailleurs, à fabriquer du biogaz injectable dans le réseau de gaz naturel par méthanisation de produits agricoles, maïs, blé, colza, betterave, cultivés entre 2 récoltes, et autres déchets. Le bilan carbone de l'opération est neutre car le CO2 dégagé est capté par les plantes. Ainsi, l’agriculture chauffe en plus de nourrir et d'habiller. Le but est de passer de 1% de gaz agricole aujourd'hui à 30 % d’ici 2030 et 100 % en 2050, ce qui réduirait de 13 % les émissions de CO2 en France en supprimant la consommation de gaz fossile. Ça marche aussi pour les véhicules. Le jus de plantes rejeté est utilisable comme engrais. Mais il y a encore mieux, la production d'électricité à partir d'eau (H2O), ou plus exactement d'hydrogène (H2) ! Cette molécule peut produire chaleur et électricité, décarboner le gaz naturel et stocker à long terme l’électricité. Elle ne produit pas de CO2. Une station d' hydrogène a été inaugurée à Rungis en juin et un bateau à hydrogène lancé à Nantes. Nicolas Hulot a annoncé 100 millions d’euros pour ce secteur. Et c'est valable pour tous les transports : voitures, bateaux, poids lourds, avions ! Air liquide, Toyota et Engie ont déjà parié sur cette énergie propre. Il faut pour généraliser sa production réussir une électrolyse de l’eau pas chère, c-à-dire séparer H2 et O dans H2O.
C'est la science qui nous sauvera si elle ne nous perd...