J'le fais si tout le monde le fait !
René Girard a mis en évidence la dimension mimétique du désir humain. En gros, nous désirons ce que les autres désirent. Ça ne marche pas à tous les coups, mais on n'en finit pas de trouver de nouvelles application de ce principe. Eh bien, c'est pareil pour la désescalade des désirs, si vitale pour réussir la transition écologique : J'le fais si tout le monde le fait ! C'était le principe du contrat social de Rousseau, qui se réduit à une clause :
savoir l'aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté. Car chacun se donnant tout entier, la condition est égale pour tous, et la condition étant égale pour tous, nul n'a intérêt de la rendre onéreuse aux autres.
Regardez les GJ : ils refusent de payer la taxe diesel parce que les avions ne payent pas de taxe sur le kérosène. Ni, d'ailleurs, les bateaux, ces très gros pollueurs. Le développement de l'aviation low cost est scandaleuse selon le climatologue Jean Jouzel. Je veux bien arrêter d'avoir recours à Ryanair à condition que tout le monde le fasse, ce qui a peu de chance de se produire. Si notre Président impose une taxe sur le kérosène en France, les compagnies française feront faillite du jour au lendemain et d'autres prendront sa place. Pareil pour les armes vendues à l'Arabie Saoudite : si on arrête, d'autres le feront et les Yéménites seront massacrés quand même. Ainsi de suite...
Donc, il faut les mêmes lois pour tous, ce qui s'appelle la Justice. Pour cela, il faut un consensus mondial, j'allais dire un chef d'orchestre respecté. Mais on en est loin quand on voit des présidents comme Trump, Poutine, Xi, etc. rivaliser à qui mieux mieux. Quant à l'Europe, elle est incapable de se mettre d'accord sur une politique fiscale commune. Espérons que la révolte des GJ n'est pas le prélude à des divisions de plus en plus graves dès qu'on demandera des efforts aux Français (et aux autres) pour réaliser la transition écologique. Pourquoi moi et pas les autres ? Les pouvoirs publics vont être obligés de réfléchir à la façon d'éviter la guerre de tous contre tous.
Ça ne m'empêche pas de rationaliser mes déplacements en voiture et de prendre systématiquement les transports en commun, de diminuer par trois la dose de Mir et de dentifrice et de ne pas remplacer systématiquement un bon vieil objet un peu fatigué mais qui peut rendre encore de loyaux services...