top of page

Vous avez lu Jacques de Voragine ?


Je me suis enfin décidé à ouvrir La Légende dorée de Jacques de Voragine traduite du latin en 1900 par Theodore de Wyzewa. J'en suis juste à l'introduction. Vous savez, mon cher lecteur plein de piété, qu'il existe plus de mille manuscrits de ce livre du XIII° siècle qui fut ensuite édité 75 fois avant de disparaître à la Renaissance et de reparaître sous le romantisme ? J de V voulut faire sortir des monastères les trésors de vérité sainte qui y étaient accumulés et mit à la portée de tous la vie des saints et des martyrs.

Les sculpteurs se sont mis à orner les porches des églises avec tous ces saints et ces martyrs et les nefs ont été garnies d'autels en leur honneur. Toutes les peintures de nos musées sont sorties de là, de Piero della Francesca à Poussin.

Évidemment, les Protestants se mirent à contester les récits de J de V, à commencer par Jean de Launoi, "le grand dénicheur de saints", qui montra juste "qu'il était un sot à vouloir mettre son petit bon sens au- dessus de l'autorité de notre mère l'Église". C'est ce que pense le traducteur Theodore de Wyzewa. On ne demande pas l'exactitude, insiste-t-il. Ce qui compte, c'est que les légendes des saints aient inspiré la religion d'indulgence et consolation de saint François et de Piero della Francesca. C'est comme si on croyait que les images de la Vierge prétendaient être des portraits. Elles n'en accomplissent pas moins des miracles !

Theodore de Wyzewa résume la leçon que La Légende dorée nous enseigne à toutes ses pages :


Les protestants et les jansénistes ont trouvé cette religion trop consolante. À l'heure du jugement, la Vierge et tous les saints ne cesseront d'intercéder en votre faveur et Dieu vous pardonnera pourvu que vous l'aimiez dans la personne du pauvre et du malade, de la veuve et de l'orphelin et que vous restiez humble d'esprit et de cœur. Et à la condition enfin que vous honoriez le Seigneur dans la nature, son œuvre, au lieu de mépriser et de détruire celle-ci comme vous vous acharnez à le faire. Moyennant quoi, le Seigneur non seulement vous préparera une petite place dans son paradis, mais, dès cette vie, imprimera sur vos lèvres le tranquille et heureux sourire que vous voyez rayonner sur les lèvres des saints.


Ma foi, il me semble que les conseils du vieil hagiographe peuvent encore être entendus et même écoutés et suivis... J'aurai sûrement à vous en reparler.

bottom of page