Le supplice des belles martyrs
J'avais promis de revenir sur La Légende dorée pleine des vies des saints et des martyrs. Comme c'est très monotone, je vais faire comme Vladimir Propp qui a réduit à un schéma unique la multiplicité des contes russes. J'ai choisi, je ne sais pourquoi, le martyre des jeunes vierges. Qu'il s'agisse de sainte Agnès, de sainte Agathe, de sainte Christine, de sainte Catherine ou de sainte Apolline, le schéma est toujours le même.
Il y avait dans telle ville de l'empire une très jeune fille dont la beauté, et souvent aussi la noblesse, la richesse et l'éducation, faisaient l'admiration de tous. Un riche païen la convoite et la demande en mariage mais elle se dérobe en prétextant qu'elle a un fiancé plus agréable. Le préfet la fait comparaître et elle avoue qu'elle est chrétienne. Sommée d'adorer les idoles, elle refuse, accepte le martyre, le réclame même. Elle est dévêtue et soumise aux supplices.
Lucie condamnée à être violée s'écrie : "Le corps n’est souillé que si l’âme y consent. Mon corps, le voici, prêt à tous les supplices." Apolline est fouettée. Catherine est lacérée avec une griffe de fer. Sophie est ses trois filles sont passées au gril, Christine est percée de flèches comme saint Sébastien. Mais des miracles protègent ces pauvres victimes. Ses seins sont restitués à sainte Agnès de Rome, ses yeux à sainte Lucie de Syracuse, ses dents à Sainte Apolline d'Alexandrie. Ces miracles prouvent la supériorité de l'époux divin sur les idoles. Comme il faut bien en finir pour que ces saintes obtiennent la palme du martyre, elles ont le plus souvent la tête tranchée.
Comme nos ancêtres avaient la foi naïve et pure ! Une cloison très mince, aussi fine qu'un film alimentaire, les séparait de l'autre monde. Les supplices étaient l'antichambre du paradis.
Photos : Sainte Agnès et sainte Lucie.