Jeanne, Charles, François et Greta

Vous avez saisi de qui je veux parler, mon lecteur à l'esprit un peu lent ? Non, toujours pas ? Alors rajoutez Antigone et Socrate en début de liste. Vous y êtes ? Mais oui, c'est cela : des justes qui se sont opposés à tous au péril de leur vie. Je sais très bien qu'élever de telles statues, c'est s'exposer à la pioche des déconstructeurs. Et pourtant...

Ce billet m'est inspiré par le film de Bruno Dumont et par la petite Lise Leplat-Prudhomme qui a prêté à Jeanne son visage pur et têtu. Et comment ne pas rapprocher le visages de Lise de celui de Greta Thunberg ? Par un renversement complet, c'est Jeanne qui incarne l'esprit de l'Évangile contre ses juges. Je me disais pendant la scène du procès que toute l'histoire de l'Église et de ses hérésies est comme un accordéon qui tantôt se rapproche de l'Évangile, tantôt se place à son opposé, suscitant autant d'hérésies. Nous serons hérétiques !

Retenu à Rome la semaine dernière par une grève des avions, nous avons dégusté, Michèle et moi, un plat de spaghettis sur la Piazza dei Fiori à l'ombre de la statue de Giordanno Bruno, à l'endroit même où l'inquisition lui arracha la langue avant de le brûler comme Jeanne, le 17 février 1600.

Et vous savez quoi ? Je me demande si François n'est pas en train de se rapprocher dangereusement de l'esprit de l'Évangile au point de bientôt susciter un schisme au sein de l'Église, un schisme à l'envers, je veux dire. Vous avez lu son discours d'Antananarivo dimanche dernier où il a rudement remonté les bretelles aux dirigeants du pays :

Il ne peut y avoir de véritable approche écologique ni un travail concret de sauvegarde de l'environnement sans une justice sociale qui accorde le droit aux biens de la terre aux générations actuelles mais également futures.

C'était reprendre les mots de l'encyclique Laudato si' à savoir qu'il n'y a pas deux crises séparées, l'une environnementale et l'autre sociale mais une seule et complexe crise socio-environnementale. Greta et François, même combat !