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Servitude subie et servitude volontaire.


Je parlais dans mon dernier billet du parallélisme entre la concurrence des producteurs et la concurrence des consommateurs qui est si funeste dans le temps de crise écologique que nous vivons.

Bien sûr, la pub nous manipule, bien sûr les commerçants en veulent à notre porte-monnaie, bien sûr, les multinationales n'en font qu'à leur tête. Nous savons tout cela et c'est vrai.

Mais allons-nous pour autant nous conduire comme des moutons qui ne savent opposer que leurs bêlements à la tonte qui les attend ? Avons-nous oublié la leçon de La Boétie qui invitait les citoyens à se redresser s'ils étaient fatigués de vivre à genoux ?

Je ne pense pas seulement à l'action politique. Il n'existe malheureusement en France aucune force organisée capable de se faire entendre avec suffisamment d'autorité contre les exploiteurs et les profiteurs. Nous sommes presque aussi dépourvus que les Algériens ou les Égyptiens. La gauche ne s'est toujours pas remise de l'échec du communisme. Elle est aussi divisée que les écologistes.

Dans ces conditions, je préfère le régime d'Emmanuel Macron. Mais ce n'est pas une raison pour que la société civile, c'est-à-dire nous, reste les bras croisés au lieu de transformer notre mode de vie et de consommation. Je déplore donc le défaut de résistance civile à la tyrannie de la consommation aveugle. Je pense à des incitations, préconisations, mobilisations sur les gestes les plus quotidiens :

- vivre à 19° dans l'habitation l'hiver, 24 l'été au lieu de mettre la clim à fond.

- savoir et faire savoir comment sont traités les déchets, pour quelle pollution et quelle récupération.

- préférer la lessive en poudre (plus efficace, moins polluante, plus légère, emballée dans du carton).

- dire où vont les mégots qu'on jette sur la voie publique : dans la mer où ils mettent 10 000 ans à disparaître (à peu près).

- préférer les balayettes en bois aux balayettes en plastoc.

- préférer les transports en commun - arrêter avec les croisières.

On pourrait allonger indéfiniment la liste.

Je sais parfaitement l'objection : c'est minuscule et ça ne servira à rien. Si une réforme par le haut est encore possible, il est pourtant indispensable que la base la désire et la supporte, la pousse et la suive.

Il me semble aussi qu'une certaine austérité, une certaine frugalité est une question de morale et de dignité dans le contexte de gabegie individualiste ambiant. Cela ne passera pas par moi.


Photo : tableau d'Eugen Bracht (1842-1921).


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