La transition énergétique n'est pas un problème : c'est LE problème (J-M Jancovici)
Il y a 8 jours, Guillaume Erner avait invité Jean-Marc Jancovici à la matinale de France-Culture. Je ne sais si vous l'avez entendu : il l'interrompait tout le temps, c'était exaspérant ! J'ai donc cherché ce que disait Jancovici sur Wikipédia. Cet ingénieur enseignant à l'École des mines propose que la France se donne en exemple au monde pour provoquer un effet mimétique. L'admirateur (non inconditionnel) de René Girard que je suis a aussitôt tressailli.
Le grand défi est de basculer dans une énergie décarbonée, c-à-d de réduire de 4 % par an notre consommation de pétrole-charbon-gaz. Il faut à la fois décarboner et diminuer l'énergie consommée.
[Parenthèse : Le Monde a annonçé enfin une bonne nouvelle : la circulation automobile en Île-de-France a diminué de 4, 7 % depuis dix ans]
Jancovici préconise :
- de taxer lourdement le pétrole ;
- d'adopter une politique de transports sobres et collectifs, qui rationne avions, porte-conteneurs, bateaux de croisière, voitures et camions, au profit du train, du car et du vélo ;
- de réviser une industrie vieillissante en la décarbonant.
Jancovici nous demande d'entreprendre un gros régime et dès aujourd'hui, dans tous les domaines.
- Comme quoi ?
- Ben, manger moins de viande, zéro soda, zéro eau minérale, récupérer les croutons, finir les assiettes, éteindre la lumière, ne plus faire la vaisselle au fil de l'eau, réparer, recycler, faire durer les vêtements et le reste...
- Si je comprends bien, rétorque mon mauvais lecteur, on va vivre comme nos grand-mères, avec leur tablier, leurs poules, leur filet à provision, leurs bocaux, les achats en vrac...
- Tout juste. Mais à vous de choisir votre style.
- Alors ce n'est pas la peine d'avoir appris les joies de la consommation à gogo sous les Trente Glorieuses.
- Bien mal nommées, à la vérité.
- Mais ça sera horrible, tous ces sacrifices !
- Le tout est de savoir si nous voulons 2 degrés ou 6 degrés de réchauffement.
- Alors il faut sacrifier le présent en faveur de l'avenir !
- Au contraire, c'est une chance pour nous, une occasion à ne pas manquer. La frugalité peut-être excitante aussi et la gabegie écœurante. Vous appréciez d'avoir un corps musclé sans protubérances, sans mauvaises graisses, sans artères colmatées ? C'est pareil pour tout.
Et puis y a plus de joie à être frugal tous ensemble que rivaux dans la consommation effrénée. On sait bien que la rivalité de tous contre tous est le fléau de notre époque. Donner priorité aux liens par rapport aux biens, ont compris les lecteurs de Marcel Mauss.