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Pour un référendum d'utilité nationale


Et si le XXI° siècle n’avait pas débuté le 11 septembre 2001 mais en mars 2020 comme le XX° siècle n’a pas commencé en 1900 mais en 1914 et en 1917 ? Il est bien trop tôt pour le dire car nous n’en sommes pas encore à mesurer les conséquences en dominos de cette satanée épidémie.

Nous assistons déjà à la défaite de l’individualisme. Bien sûr, nous sommes calfeutrés à double tour comme les porcs épics de Schopenhauer, bien sûr, nous avons rasé les rayons des supermarchés pour remplir nos placards. C’est même la fin de la drague : les temps sont durs pour les célibataires travaillés par leur libido ! La question du viol est réglée par défaut.

Cela n’est bien sûr qu’une illusion. C’est au contraire la notion d’humanité qui triomphe pour le meilleur et pour le pire. Le pire, c’est quand un petit virus de rien du tout fait le tour de la planète en quelques jours et que mon droit le plus élémentaire, celui de me balader dans les rues en sifflotant mains dans les poches devient un délit en vertu de l’article 4 de la Déclaration des Droits de l’homme qui spécifie que ma liberté s’arrête là où elle menace celle d’autrui. D’ailleurs, qui refusera d’être hospitalisé en cas de contamination ? Voilà l’individualiste pris en défaut et qui numérote vite le 15, et le mauvais riche bien content si on lui a trouvé un brancard dans le couloir de l’hosto à côté du clochard du coin. Jamais nous n'avons été aussi dépendants les uns des autres.

Pareil en économie : bien sûr les entreprises commencent déjà à se préparer pour le jour d’après. Business as usual. Mais le Président a dit que rien ne serait plus comme avant. Peut-être la crise sanitaire va-t-elle mettre en évidence les vices mortels de l’économie ultra-libérale mondialisée. Elle ne serait en ce sens qu'un signe annonciateur d’autres crises liées au dérèglement du climat.

Déjà les États qu’on disait impuissants face aux multinationales sont partout aux commandes pour organiser la résistance, pour indemniser les chômeurs et les faillis de toutes sortes comme pour gérer la crise sanitaire. Aux États-Unis comme ailleurs, c’est le retour de l’État-Providence. Trump sera-il un nouveau Roosevelt, l’initiateur d’un nouveau New Deal ? Son nom restera-t-il dans l’histoire comme le créateur du système de santé universel que Barack Obama n’a pas réussi à mettre en place ? Le Président Macron sera-t-il un nouveau de Gaulle, organisera-t-il un référendum pour un vaste plan de transition agricole et énergétique ? Les Français répondront-ils Oui ? Sachant qu’ils devront se serrer la ceinture pendant quelques années, je veux dire les riches surtout, pour financer et organiser une économie relocalisée, décarbonée, frugale, solidaire et écologique.

Bref, nous serons passés au socialisme, mais un socialisme qui aura invité un nouveau partenaire à notre table et qui retissera le contrat social à partir de ce que le regretté Michel Serres appelait le contrat naturel.

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