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Un beau défilé militaire !


Beaucoup d'émotion hier pendant la Revue militaire de notre grande fête nationale largement consacrée aux combattants du COVID. Visages graves et yeux rougis. Perfection des visages rasés de frais, des uniformes impeccables, de l'exacte chorégraphie, du silence des attentes, de la musique, martiale ou mélancolique.

Je ne sais pas vous, mon lecteur, mais, personnellement, les défilés militaires me font beaucoup d'effet dans la poitrine. C'est presque la seule occasion de voir en vrai les petits soldats aussi cachés que muets les autres jours. L'uniforme propre à chaque corps, la marche au pas, la gestuelle codifiée, la discipline, c'est, plus encore que dans les ordres monastiques, l'image de la solidarité, la fin de l'individualisme, le sentiment d'appartenance à un même corps. La culture de la singularité et la fusion du moi dans le tout ne sont-ils pas les deux pôles entre lesquelles balance notre vie ?

On a lu une phrase du général de Gaulle disant que pour la France, il n'y avait de grandeur dans la guerre quand c'était sa guerre, j'entends la guerre pour la défense des valeurs républicaines. Ces soldats qui défilaient en grand apparat, leurs chefs couverts de médailles, le menton tourné vers la tribune officielle, ce spectacle millimétré, c'est en effet le contraire de l'horrible champ de bataille d'où venaient ces soldats et où ils allaient repartir. Éternel Morituri te salutant. Deux sentiments se superposent immédiatement, aussi justes l'un que l'autre à mon avis, l'admiration et l'effroi. Vous avez lu Grandeur et servitude militaires de Vigny, mon lecteur ? Ce petit livre que je possède dans l'édition Nelson qui accompagna mon grand-père au front de 1914 à 1918 m'a particulièrement impressionné. Vigny affirme à la dernière page que la guerre est la pire barbarie, que l'humanité de l'avenir devra supprimer, mais il ajoute que dans un monde moderne complètement aplati, l'armée est l'un des derniers lieux où survivent certaines valeurs d'Ancien Régime, honneur, courage, sens du devoir et du sacrifice, respect de la parole donnée.

Mais c'est de sang dont il s'agit ! Vous en parlez comme de l'eau de la rivière, raille Arlequin dans une comédie de Marivaux, devant un noble qui vante un peu trop le seul moyen de laver une offense. Quelle admiration pourtant et quelle gratitude méritent ces jeunes gens qui se disent prêts à donner leur vie pour le bien public !



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