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De la poussière




Quand elle était petite, le dimanche, elle demandait à sa maman ce qu’elle pouvait faire pour l’aider et la réponse était immanquablement : passe le chiffon à poussière. C’était évidemment pour éviter les gros travaux à Cosette, sauf que, expression favorite de France Cul, c’est ce qu’elle détestait le plus…

Eh bien, elle avait conservé cette habitude de fureter, même dans mon bureau, de soulever chaque objet et d’ouvrir la fenêtre pour secouer le chiffon. Évidemment, mes fétiches s’en trouvaient souvent un peu dérangés.

Moi, je passe assez scrupuleusement l’aspiro car la moindre particule au sol me chagrine mais je me suis aperçu de plusieurs choses, c’est que les araignées qui se croient chez elles partout s’installent entre les pattes de mes meubles. Des minons se forment sous les lits, moins merveilleux que les nuages, et détalent quand on ouvre la fenêtre. Je me suis aperçu aussi, en y passant le doigt comme on écrit sale sur le capot d’une voiture, qu’une mince pellicule grise recouvrait mon imprimante noire, moins visible sur les meubles de bois clair.

Mais d’où vient la poussière ? Ça existait déjà dans l’Antiquité. Lucrèce observait les batailles que se livrent ces minuscules corpuscules par escadrons entiers quand les rayons du soleil pénètrent l’obscurité de nos vastes demeures :

 

Multa minuta modis multis per inane videbis

Corposa misceri radiorum lumine in ipso.

(De natura rerum, II, 116-7)

 

Quel plaisir articulatoire dans ce latin !

Lucrèce pensait que ces grains de poussière étaient des atomes. Je pense, quant à moi, que c'est métaphysique, que ça vient des étoiles et que c’est la marque de notre grand horloger, le Temps !


Le grand ménage de printemps urge !


Photo : Descartes observant un rayon de soleil.

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