Du rire et des larmes
J’ai écrit jadis Les 3 neveux. Il faut que j’en ajoute un 4°, en chair et en os, cette fois. Hier, sur le coup de 5 heures, Manuel m’a téléphoné et, plutôt que chez moi, je lui ai donné rendez-vous à L’Équinoxe à l’escale Borely que j'ai gagné d'un coup de vélo. Des fois, on parle mieux dans un café. C’est une chose rare que des conversations sans bavardage comme nous en avons eu ensemble pendant deux heures. Personnelles et allant à l’essentiel.
À la fin, nous avons parlé du rire et des larmes. Oui, parfaitement. En disant que c’étaient les meilleurs moyens de communication. Voyez les repas entre amis : il y a des éclats de rire toutes les 2 minutes. Évidemment, si on enregistrait et si on réécoutait à froid, on aurait pitié de ce qui amusait tant. Ça ne fait rien, l’important était dans le partage et la complicité. Il est rare qu’on rie seul comme il est rare qu’on pleure seul. C’est contagieux et ce sont peut-être les meilleurs moyens de communication.
On dit que Jésus n’a jamais ri mais il a pleuré trois fois. Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés. La tradition appelle cela le don des larmes. Un monde commun d’émotion et de douceur partagées, apparaît derrière la dure écorce. Ça rejoint la communion des saints et la dévotion envers le Sacré-cœur de Jésus. Les nietzschéens peuvent toujours rire en disant que ce n’est que sensiblerie de femmelettes.
Avec Manuel, on a ensuite parlé littérature et musique. Il nous a paru que la musique, la musique émouvante, était un moyen immédiat d’accéder au même espace que celui auquel conduisent les larmes, un espace à l’entrée duquel on dépose armes et armures. Mais Manuel a dit qu’il était travaillé par l’envie de se mettre à écrire, comme je suis en train de le faire en ce moment, ou autrement, et nous avons convenu que l’écriture était le meilleur moyen de réfléchir à tout cela en bien décortiquant les choses.
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