Façons de parler
Je sais pas vous, mais moi, sans arrêt, il y a des phrases qui me remontent en mémoire, parfois très anciennes, parfois sans raison apparente. Je m’en souviens parce qu’elles m’ont frappé. On oublie tant de choses et certains mots restent. Il y en a de toutes sortes, un bazar hétéroclite emprunté tantôt à la littérature, tantôt à la vie quotidienne. Le contexte peut être oublié. Mais ce qui m’a frappé vous divertira-t-il ? Essayons :
Ça pue la racaille, le marin, la pute et le facho. (Hadrien Bels)
On a demandé Natacha en mariage. Dire qu’elle jouait encore à la poupée il y a si peu de temps. (Tolstoï)
La duchesse me dévisagea comme si j’étais un kangourou ou un arbousier. (Proust)
Mais papa, comment je ferai si elle est aussi laide qu’on dit ? - Pense aux roubles ! (Tolstoï)
Sache que si tu étais tué, j’en aurais grande peine. Mais si tu avais manqué à l’honneur, j’en aurais honte… !!! (Chateaubriand)
L’existence de Dieu : on exagère beaucoup. (Matzneff)
Oh fils du roi, tu es méchant !
Tu as tué mon canard blanc.
(ma mère me chantait cela, à quel âge ?)
- Quel est votre nom ? - Je n’ai plus de nom, répondit l’étrange visiteur. J’ai renoncé à mon nom comme à toutes les choses de la vie. (Boulgakov)
Le soleil s’était levé, boule jaunâtre, nous déjeunâmes dans une épicerie. (Gombrowicg)
C’est vrai que j’ai fait aussi l’amour avec des garçons. Mais je leur préférais les filles car quand elles me lassaient en tant que filles, je pouvais encore m’en servir en tant que garçons. (Goethe)
J’avais un corps. (Proust craignant que sa santé l’empêche d’achever son œuvre)
Méfie-toi, Ugolin, les bossus, ils sont plus intelligents que nous. (Pagnol).
C’est moi que je suis le nouveau professeur de français qu’on vous a parlé. (Péguy)
Ce beau sein était une colline. (Giono)
Un écureuil se faufila entre les arbres. C’était Sonia. (Nicolas Mathieu)
Les hommes sont bien malheureux. Tout le beau se fait sans eux. (Angelo admirant le brasillement des étoiles sur les toits de Manosque en proie au choléra)
Et pour finir :
Ceci n'est pas une réminiscence : c'est une capture d'écran faite à l'instant dans Le Monde des Livres où Élisabeth Roudinesco a pignon sur rue. Elle rend compte très sérieusement de je ne sais quel séminaire de Lacan)
Photo : dessin de Vincent.
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