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L'inceste vu de Freud



Freud fut d'abord sous l'emprise de Wilhelm Flies, cet oto-rhino qui prétendait que tous les problèmes sexuels venaient du nez. En 1892, Flies opéra la pauvre Emma Eckstein, militante socialiste et féministe, convaincue de se masturber. Il la défigura, lui causa d'atroces douleurs et des séquelles à vie. Les deux amis ne démordirent pas de leurs élucubrations pour autant.

Quatre ans plus tard, Freud recouvra un peu de raison en se souvenant de son séjour à Paris, des cours de Charcot et des autopsies de Paul Brouardel sur les enfants violés. Il s'intéressa aux agressions sexuelles, incestueuses ou pas, subies par les enfants, et parla traumatisme, refoulement et symptômes. Là, on s'engageait sur une bonne voie mais pas pour longtemps. En 97, Freud rompit avec son ami Sandor Ferenczi qui affirmait qu'il fallait écouter les histoires d'attentat sexuel plutôt que de les rejeter comme fantasmes d'enfants ou mensonges de femmes hystériques. Le bon docteur Ferenczi mettait en évidence les effets désastreux de la honte et de la culpabilité dans la capacité ultérieure à aimer, quand, au désir de tendresse et d'affection de l'enfant, a répondu une prise sexuelle.

Freud renversa sa théorie de la séduction, trop dérangeante, et se mit à dire que ce n'étaient pas les pères qui se livraient parfois à des attentats sexuels sur leurs enfants mais que c'étaient les garçons, tous les garçons, qui avaient des désirs incestueux envers leur mère. Oui, c'est ça ! L'inceste ne descend pas vers l'enfant, comme on le croit, il monte de l'enfant vers la mère. Comme ça, le père est complètement hors du coup. Tranquille. Le plus étonnant dans cette fable qui exonérait le pouvoir patriarcal, c'est que tout le monde a fini par y croire en la croyant révolutionnaire.

Pourtant, si on fouillait bien dans l'histoire d'Œdipe, on découvrirait que tous les malheurs viennent de Laïos, le père, qui avait sodomisé le fils de son hôte. Mais chut... Il faut dire que c'est l'enfant qui est un pervers polymorphe ! Il n'y a pas à se gêner avec lui. Au contraire, il ne faudrait pas brider sa libido... Dire que la pensée 68 a gobé ça au nom de la liberté sexuelle !

Aujourd'hui, tout monde s'indigne contre l'inceste et la pédophilie, mais c'est un peu comme avec le goulag : jusqu'où fallait-il amputer pour trouver des parties saines ? Avec le rapport Khrouchtchev et Soljenitsyne, on amputa Staline, avec la chute du mur de Berlin, on amputa Lénine, maintenant, certains commencent à amputer Marx avec son collectivisme et son mépris des droits de l'homme. Les intellectuels les plus avancés remontent même jusqu'au point où Marx a dévié pour retrouver les voies du socialisme républicain. Pareil avec Freud. Nous voici avec deux descriptions de l'inceste, celle de Freud et celle de #MeTooinceste. Comment ne pas voir qu'elle se contredisent et qu'il faut choisir ! On sait mais on ne dit rien... Les premiers graviers sont tombés et l'éboulis finira bien par dégringoler. Il faudra alors repartir du ground zero, la théorie de la séduction, et reprendre l'autre chemin, celui de Sandor Ferenzi, d'Alfred Adler, du grand Paul Diel, ces mal aimés, ostracisés depuis un siècle. Hé, ho, les octogénaires de la génération 68 ! Le XIX° siècle de Marx et de Freud est fini depuis longtemps. Le XX° siècle qui les a pris pour idoles est révolu et le XXI° siècle est déjà plus qu'entamé. Alors, si ce n'est pas vous qui faites l'aggiornamento tant retardé, d'autres le feront, à vos dépens...





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