L’amour est un pot-pourri
La première raison de l’amour, c’est évidemment le plaisir. Pour que les humains fassent l’amour et se reproduisent, la nature a ajouté une prime de plaisir à la rencontre des sexes. Sinon, pourquoi tant se fatiguer ?
Est-ce tout ? Certes non, puisqu’on observe chez les humains un attachement qui dure parfois longtemps, une connivence. Je viens de découvrir avec étonnement que ce mot vient de coniveo avec un seul n qui signifie littéralement fermer les yeux sur quelque chose. Dans l’amour, on ne voit que les qualités de l’être aimé, en d’autres termes, on échange de la reconnaissance, on donne de la valeur à l’autre, indépendamment du plaisir qu’il peut procurer. C’est pour ça qu’en général, on ne fait pas l’amour avec n’importe qui. La notion de choix est importante chez l’homme. Le fait d’avoir été choisi pour une relation si complète est terriblement flatteur pour l’amour-propre. Le goût est l'envers du dégoût. La relation amoureuse est donc l’accord de deux amours-propres qui se renforcent l’un l’autre. Je te reconnais comme l’être le plus désirable hic et nunc. Tu me rends la pareille. L’amour-propre mobilise et capitalise tous les paramètre psychologiques et sociaux possibles. Sécurité affective.
Je dirai donc que l’échange de caresses ne va pas sans échange d’amour-propre, que cela forme une tresse et que c’est cela qui est si enivrant.
Oublié-je quelque chose ? Oui, j’oublie la beauté, ou plutôt je l’ai gardée pour la fin. L’amour est un concours de beauté. Le phallus se dresse devant la beauté, disait Allan Bloom. Mais qu’est-ce que la beauté ? On peut raffiner, nuancer, subjectiver tant qu’on veut, la beauté, c’est d’abord la jeunesse et la santé pour la bonne raison que les meilleurs reproducteurs, les plus aptes à faire et à élever des enfants, ce sont les plus sains et les plus jeunes, comme pour le service militaire.
Où veux-je en venir ?
Je veux en venir à l’idée que ce qu’on appelle l’amour est en réalité le tressage en proportion variée de trois fibres : la quête de plaisir, la connivence avec quelqu’un qui vous reconnaît et que vous reconnaissez, et enfin, une émotion esthétique.
On dit que l’homme n’a pas d’instinct à la différence des bêtes. Ce n’est vrai qu’à condition d’oublier l’instinct le plus vital en l’homme, l’instinct esthétique, condition de la survie de l’espèce. Quand la grande beauté apparaît tous sont subjugués.
Photo : publicité bijoux Messika.
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