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La fête de l'agneau



Pâques est une fête qui réconcilie notre âme chrétienne et notre âme païenne. C'est l'équinoxe. Les juifs aussi (ou plutôt d’abord), ont leur Pâque et même les musulmans : je me souviens qu’en Égypte, dans le delta, au village de Gusine, nous fêtions Cham el nessim, littéralement respire la brise. Le mythe chrétien est admirable, la résurrection après le terrible vendredi, le tombeau ouvert, Marie-Madeleine qui n’en revient pas et qui prend Jésus pour le jardinier. Dans la plus belle page de La Recherche, Proust a justement décrit un sinistre jardinet de Seine-et-Oise transfiguré le jour de Pâques par la floraison des poiriers dont les longues branches immaculées ressemblent à des robes de mariées.

C’est le printemps ! Beati sunt agricolae ! Heureux ceux qui sont à la campagne et qui peuvent goûter le renouveau de la nature. Ça y est ! Les petites feuilles des figuiers et des vignes commencent à pointer et les corbeilles d’argent à fleurir. Les pissenlits nous tendent le cou et d’autres petites fleurs au nom ignoré. Toujours au pied du même chêne, sous le hamac de Daniel, la pervenche « chère à Rousseau », comme dit Nerval, verdit. De fait, au livre VI des Confessions, Jean-Jacques évoque une autre résurrection, celle de son amour pour Maman et se souvient de son bonheur aux Charmettes, il y a plus de 30 ans. Une histoire de mémoire involontaire que Proust a ignorée.

Dans le magnifique Amarcord de Fellini, les enfants s’écrient : Les ménines ! les ménines ! quand le vent apporte les flocons annonciateurs du printemps, tombés des peupliers, sur la musique de Nino Rota.

Et les cloches, chères aux petits enfants, venues annoncer la bonne nouvelle depuis Rome !

Et les premières asperges, « qui parfument les pots de chambre » (Proust encore), aux reflets violacés comme les iris, les arbres de Judée, les glycines et les lilas, ces plantes d’avril, l’acidulé. Et l'agneau (de Sisteron) nous offre son gigot.

Et même, Emmanuel Macron a fait son tournant écologiste à Marseille !

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