Le premier qui s'avance, je lui laboure la gueule !
Peut-être, vous vous souviendrez du film, mon lecteur. C'est une scène de restaurant avec un couple élégant qui déjeune tranquillement. Entrent trois types à la mine patibulaire. L'homme attablé comprend immédiatement qu'il est concerné, grave. Il s'excuse auprès de sa compagne, se lève, saisit la bouteille par le goulot et lui fracasse le cul contre le bord de la table devant le public effaré. Brandissant le moignon hérissé de tessons il s'écrie : Le premier qui s'avance, je lui laboure la gueule !
Les autres reculent...
C'est fort, non ? C'est la technique des Horace, vous vous souvenez de Corneille ? Le seul survivant des trois Horace a pris la fuite devant les trois Curiace plus ou moins blessés. Le vieil Horace est scandalisé.
- Que vouliez-vous qu'il fît contre trois ?
- Qu'il mourût !
Cependant, le jeune Horace affronte séparément ses trois poursuivants qui s'efforcent à proportion de leurs blessures et les tue les uns après les autres. Rome est proclamée vainqueur !
Mais le plus, celui qui inspira ces scènes et toutes celles du genre, c'est Jésus avec les Pharisiens qui cherchent à le piéger en traînant à ses pieds une femme adultère. Un groupe d'hommes brandit déjà les pierres
- La Loi dit de lapider une telle femme. Et toi, que dis-tu ?
- Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre.
- Tu ne m'a jamais rendu la bassine que tu m'as empruntée. - Tu médis de moi, l'an passé.
- Je t'ai vu traire tes chèvres pendant le sabbat, etc., etc.
Résultat, pas un n'a bougé et Jésus a relevé la femme adultère.
La devise de la Suisse et des mousquetaires, c'est Unus pro omnibus, omnes pro uno, Tous pour un un pour tous. La logique du bouc émissaire, c'est tous contre un. La solution, quand on est dans la position du bouc, c'est d'introduire la division dans l'unanimité.
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