Les ascenseurs de Florence
Le retour de Toscane a été un peu terrible car si un pont s’est écroulé à Gênes, les autres ont aussi des défauts et la circulation des voitures est limitée.
C’est un peu comme les tours de Florence. Vincent nous a trouvé un guide formidable qui nous a fait oublier l’ambiance touristique et nous a ouvert les portes de l’histoire. Il s’appelait Giacomo. Il nous a expliqué qu’au XII° siècle, chaque noble de la ville avait la folie de construire une tour plus haute que son voisin. Giacomo nous a montré une maquette, une reconstitution : une vraie forêt, une planche à clous, comme à Manhattan.
Mais le vent a tourné, Florence est devenue la capitale des Médicis, c’est-à-dire de la banque. La richesse ne provenait plus de la terre mais du commerce. Ordre a été donné de ratiboiser ces tours trop orgueilleuses qui ont été réduites de 50 % de leur hauteur. Il y en avait des centaines. On peut encore en voir quelques unes à San Giminiano.
Quel plus beau symbole des rivalités humaines, ces rivalités de malheur ! Mais quel plus beau symbole aussi de la lutte des classes s’il faut l’appeler par son nom. Une lutte verticale entre une classe montante et une classe descendante, au sens propre pour le coup.
Florence fut en somme l’Athènes du Moyen Âge avec tous ses artistes. Finalement, la Renaissance et le monde moderne n’ont pas commencé au XV° siècle, mais au XII° siècle, en plein Moyen Âge.
L’histoire des tours de San Giminiano fut prise comme exemple d’un manque de communication entre dirigeants . Chacun élève sa tour, et dépasse celle de son voisin, pour illustrer sa gloire. Le manque de coopération et de concertation aboutit à un aimable étalage de richesses non productives .
À Florence, les Médicis y mettent bon ordre .
Dans une vie professionnelle antérieure, c’était le modèle présidant au démantèlement de l’empire Empain-Schneider et de Creusot-Loire, pour faire naître Schneider Électric.
Une belle histoire de redéploiement stratégique.