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Les bagatelles de la porte


Le jour des vœux approche et surtout le jour des bonnes résolutions.

J’avais un ami qui parlait peu et lentement mais qui m’a laissé le souvenir de trois paroles, ce qui ne peut se dire de beaucoup de personnes.

- Traducteur de la Septante, prof de collège, il avait donné à ses élèves le sujet de rédaction suivant : home sweet home / home is where one comes from (T. S. Eliot). J’étais soufflé de tant d’esprit.

- Il m’a dit : lis Le Harem et les cousins de G. Tillion et l’Essai sur le don de M. Mauss. Peu de livres ont autant compté pour moi.

- Enfin, comme il s’adonnait à l’adultère avec panache tout en révisant l’oral de l’agreg, il s’est justifié de ce vers d’Éluard : Chaque jour, l’acte est vierge.

Je vais en faire un autre usage. Il arrive parfois qu’il y ait de l’eau dans le gaz dans les relations humaines et même familiales, qui peut me contredire ? René Girard et Paul Diel m’ont fait comprendre par le menu les intrications de l’affectivité blessée. Que faire ? Eh bien, se souvenir du vers paradoxal d’Éluard, c’est-à-dire faire chaque matin comme si le monde recommençait à zéro. Bien sûr, on n’oublie rien, la mémoire affective est la plus tenace, mais on peut faire comme si, saluer la compagnie et particulièrement les personnes sensibles avec de bons sourires, quelques attentions, se soucier de leur nuit, s’ils n’ont pas fait de cauchemars, de leur plan de journée.

Les bagatelles de la porte, c’est plutôt quand on se quitte et qu’on multiplie les remerciements, les souhaits de bon retour, de bonne nuit, de bon voyage, etc. Et encore et encore, comme si on avait quelque chose à rattraper. Mon idée est d’insister plutôt sur les bagatelles de l’arrivée, je veux dire au moment du petit déjeuner. Chacun entre en scène à son tour. Briser la glace, faire comme si, rétropédaler. Un peu de comédie finit pas avoir des résultats dans la vraie vie. Pascal a raison : Mettez-vous à genoux et priez. La foi viendra ensuite.

Je veux bien croire que Poutine a tort à 99 % mais le plus souvent, dans une crise, les torts sont partagés selon des pourcentages variables. Amorcer chaque jour que Dieu nous verse, comme s’il était vierge, c’est faire philosophiquement la part des choses. C’est la sagesse que je propose à votre méditation, mon cher lecteur bénévole.

J’aurais peut-être dû faire psychanalyste…


Photo : Le petit Prince.

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