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Les fruits de l’automne (suite)




Il m’est arrivé à trois reprises de me lier d'amitié avec des étudiantes qui étaient mes aînées. À Alexandrie, Christine Constantinou, patronne de L’Élite, suivait mes cours au Centre Culturel. Son restaurant avait connu son heure de gloire à la belle époque coloniale où la ville était redevenue une deuxième Athènes, un autre Saint-Germain-des-Près. Plus tard, je venais la saluer à chacun de nos passages dans la ville. Elle se tassait toujours un peu plus derrière le comptoir, jusqu’au jour où sa place était vide…

Alix Gast m’a choisi pour diriger sa thèse à Aix sur Le Personnage de la mère dans La Recherche du temps perdu. Quand ça n’a plus allé du tout, elle a choisi de se faire euthanasier en Suisse, accompagnée par son fils, Philippe, bouddhiste et adepte du Rien. Si tu lis ces lignes, Philippe, je t’adresse un amical salut.

Hier, c’étaient les obsèques d’Anne-Marie d’Ornano. C’est au siècle dernier qu’au sortir d’une carrière au Crédit Lyonnais, elle attaqua une Licence de Lettres. Je fus son prof pendant plusieurs années et elle tomba amoureuse de Baudelaire, de Proust, de Giono, de Houellebecq que nous expliquions (et de son prof, un peu aussi, comme il se doit). Hier matin, j’ai apporté les olives au moulin de Cucuron et j’ai gagné le crématorium de Saint-Pierre.

Comme en passant, dans son premier roman, Houellebecq, lance une flèche à un de ses personnages qui s’abstient d’assister aux obsèques d’un de ses collègues de bureau car les obsèques, « il craint un peu ». L’imbécile ! Il rate l’occasion de partager des émotions et de remettre certaines pendules à l’heure…

Marguerite Yourcenar recommandait de faire faire aux collégiens un tour dans les hospices de vieux et dans les maternités, histoire de leur mettre du plomb dans la cervelle…

Jacques, je pense à toi.

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