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Leur fanatisme les excuse ?


J’ai beaucoup aimé L’Enlèvement de Marco Belloccio. Vous savez sans doute que c’est l’histoire d’un enfant juif brutalement enlevé à sa famille et qui reste déchiré entre le judaïsme et le catholicisme dans l’Italie des années 1860 et 70. Ce drame théologique et familial, déclencha un scandale européen dans le contexte de l’unité italienne.

Les images de Bellocchio sont très belles et nous replongent dans une Italie et dans un catholicisme qui n’existe plus, avec son grand apparat baroque, ses cérémonies pompeuses, son formalisme pointilleux, sa théologie raide et fanatique, etc. Un bain d’histoire.

Évidemment, le Pape et l’Inquisiteur ont le très mauvais rôle sur fond d’antisémitisme. J'avancerai cependant que leur excuse est dans leur fanatisme. Le film accuse l’Église, mais il trace un tableau qui donne l’impression qu’elle est prise dans les filets d’une tradition religieuse séculaire qui la dépasse. On aurait envie de demander pitié pour l’humanité.

Les acteurs sont excellents, en particulier le pape et le jeune Edgardo. Mon préféré fut pourtant Leonardo Maltese incarnant Edgardo devenu adolescent puis adulte, déchiré entre ses deux appartenances, happé par une foi brûlante. La tension de son visage, l’incandescence de son regard sont bouleversantes comme est bouleversante la dernière scène où il retrouve sa mère mourant dans sa fidélité au judaïsme sans qu'il veuille bouger de son catholicisme. J’ai pensé à Énée qui ne peut retenir Didon aux enfers… Les larmes me sont venues aux yeux. Heureusement que j’étais seul dans la salle.

Franchement, je vous recommande d’aller voir ce film s’il passe encore.

Peut-être comme une métaphore du conflit de Gaza.

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