On a gagné ?
Après l’euphorie de dimanche soir, vient le désaoulement : le Front républicain, comme on dit, a gagné en nombre de députés mais pas en voix.
Je sais bien que le populisme, pour utiliser cet euphémisme, est un phénomène mondial. Aucune démocratie n’y échappe. Sans doute est-ce le contre-coup de la mort du communisme et de mondialisation, facilité par les réseaux sociaux. Mais est-ce une excuse ?
La France est comme tout le monde et c’est ça qui est choquant, alors qu’elle fut le lampadaire des peuples. Ah ! Vous êtes français, m’a encore dit un chauffeur de taxi à Beyrouth il y a 20 ans. Ah ! Voltaire ! Ah ! Rousseau ! Ah ! Victor Hugo !
Car c’est au nom des Droits de l’homme français et au nom du principe des nationalités nés en 1789 et en 1848 que se sont produites les luttes d’émancipation dans le monde depuis deux siècles.
On va nous dire qu’il faut se résigner, qu’on a changé de millénaire, que le monde a fait un tour et que maintenant, la France et l’Europe ne sont plus que le petit canton d’un monde dominé par la Russie, la Chine et je ne sais qui.
Je pense exactement le contraire. La Russie et la Chine peuvent bien nous dominer par la force (économique et militaire), nous les dominons par la pensée et la culture, ou du moins nous le devrions. Par l’étendue, l’univers me comprend. Par la pensée, je le comprends, disait Blaise Pascal.
Mais quelle pensée ? Ce qui a fait la grandeur de la France, de Voltaire à Mai 68, c’est la pensée critique mais cette pensée critique, la classe intellectuelle l’a retournée contre les Lumières au point d’en avoir et d'en faire honte. Des générations d’intellectuels ont sucé le biberon du marxisme stalinien puis castriste, maoïste et polpotiste ou bien se sont convertis au structuralisme qui est plutôt du destructuralisme. Dans les deux cas, la France était décrite comme une sorte de Goulag.
On va dire que ce n’est pas grave, juste quelques dizaines de milliers de spécialistes de la démangeaison. Si, c’est grave parce que la classe intellectuelle a en charge l’école et la presse ! C’est elle qui, dans les universités, forme les maîtres et les professeurs. C’est elle qui a fait subir à la jeunesse un véritable lavage de cerveau anti-républicain pendant plusieurs générations.
Comment s’étonner qu’on ait perdu le cap ? En dépit du sursaut du 7 juillet, la France est loin d’être woke.
Photo : Gaston Castel, Monument aux héros de l'armée d'Orient et des terres lointaines, Marseille.
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