top of page

Pour vous servir...



Athéna est née du cerveau de Zeus, mais c'est un dieu beaucoup plus inquiétant qui est né de sa cuisse.

Poussé par son épouse jalouse, Héra (celle-là... !), le seigneur des dieux a foudroyé son amante, Sémélé, mais il a pu extirper son fétus à temps et se le fourrer dans la cuisse après en avoir écarté les muscles. Dionysos en est ressorti quelques temps après, dieu de la folie furieuse, des orgies sanguinaires, qui entraîne après lui les femmes déchaînées.

J'ai repensé à tout cela en lisant le beau petit livre du Père Festugière sur L'essence de la tragédie grecque pendant les deux jours que je viens de passer en clinique.

Quand je suis descendu au bloc hier matin, le chœur des petites infirmières toutes vêtues de blouses bleues se faisait de plus en plus épais. Heureusement, la gentille anesthésiste m'a foudroyé de sa seringue. À mon réveil, il était midi, comme dit Rimbaud. Le bon chirurgien m'avait écarté les muscles, scié la tête du fémur et l'avait remplacée par un fémur tout neuf en tungstène sans oublier de mettre quelques bonnes rondelles de caoutchouc pour amortir les chocs.

Et me voici, en moins de 48 heures, assis à mon bureau occupé à écrire ce billet. Coût de l'opération, zéro euros, douleur, zéro, convalescence, un mois de béquilles pour que le muscle contusionné se remettre. Je voulais, poussé sans doute par le dieu, rentrer chez moi en sautant avec mes béquilles et j'en aurais bien été capable.

Merci, la science médicale, merci Docteur Cucurulo, merci la Sécu, merci la logistique et l'administration de la clinique Juge, merci les infirmières et tout le personnel. Cela pour changer un peu de la lecture des journaux.

Je n'oublie pas que les hôpitaux sont aussi des lieux de souffrance. Je me souviens quand le curé de Vaugines demandait à la messe qu'on prie pour les malades des hôpitaux, sans compter les malheureux qui n'ont même pas d'hôpital quand ils ont pris un obus !

Hans Castop offrit la radiographie de ses poumons à Clawdia Chauchat dans La Montagne magique. Je destine mon cliché à tous les malades qui attendent les services de la médecine.

Comentarios


bottom of page