Qu’est-ce que vous avez fait pour Noël ?
Nous, on est allés visiter San Miniato. Tout en briques rouges, magnifiques, du XII° siècle, éclairées par le couchant ! Un immense séminaire avec sur la façade l’effigie des vertus et des maximes laissées par des Pères de l’Église. Antonia m’avait demandé à quoi ça sert d’étudier le latin. J’ai eu l’amour-propre de traduire une de ces maximes :
Incipientibus praemium promittitur. Perseverantibus datur : Une récompense est promise à ceux qui entreprennent. À ceux qui persévèrent, elle est donnée.
C’est quand même plus encourageant que la devise de Philippe van Orangen que les khâgneux ont eu la cruauté de calligraphier au tableau pour nous bizuter au lycée Thiers : Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer.
Après, j’ai insisté pour que tous les petits enfants aillent assister à la messe dans le Duomo San Andrea et ils l’ont fait. Au bout d’un moment, comme je ne tenais plus, je suis allé prendre un petit café dans une pasticceria élégante que j’avais repérée. Bien sûr, à mon retour avant l’Élévation, je ne pourrais plus communier. Eh bien, au dernier moment, ça a été plus fort que moi : je l’ai fait ! C’est un vieux prêtre avec une tête de prophète ressemblant à René Girard qui m’a tendu l’hostie. Il m’a regardé dans les yeux et j’ai soutenu son regard. Puis je suis allé m’agenouiller auprès d’une jolie dame qui priait mains jointes. J’ai pensé aux ouvriers qui avaient taillé et remué des blocs de marbre pendant des siècles pour achever l’édifice, aux milliers de fidèles dont les pas traînants avaient usé pendant plus de mille ans les dalles sous lesquelles reposaient tant de dévots personnages unanimement considérés alors comme les vrais héros de la vie.
J’anticipe un peu sur les vœux en vous répétant la devise du séminaire : À ceux qui persévèrent, une récompense sera est donnée.
Photo : Le petit déjeuner d'Oreste.
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