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Sur la lapidation de la femme adultère




Dans le car, de retour d’Aix, hier soir, je vois deux musulmanes, la mère et la fille, entièrement emmitouflées de noir. Aujourd’hui, on est surpris, mais j’essaie d’imaginer comment était la vie au temps de l’islam classique. On donnait une fille à un garçon, toute emmitouflée et c’était à lui de la déballer et d’en user comme il convient afin d’assurer la perpétuation de la lignée, la seule chose qui comptait dans la vie.

Le monde arabo-musulman est sans doute la culture où le système clos de la parenté fonctionnait de la façon la plus pure. La maison était refermée sur l’intérieur. À l’extérieur, une femme ne devait pas être identifiable même par son frère. Toute incartade était sanctionnée de façon implacable. J’ai été frappé dans Citadelle par le supplice décrit par Saint-Exupéry : la femme adultère est abandonnée dans le désert, enchaînée nue à un rocher.

L’idée de choix individuel est une idée moderne qui n’avait pas cours dans les anciennes sociétés. « On me maria », écrit encore Chateaubriand sans ses Mémoires. Le culte de la beauté pourrait bien être le résultat de la compétition permanente institué par une société individualiste dans laquelle les filles se baladent à moitié nues. Chaque garçon rêve d’avoir la plus belle, compare, hésite, souffre s’il s’est trompé et change plusieurs fois. Le désordre est général. Les enfants sont éparpillés.

Rousseau suppose dans son Discours sur l’inégalité que, pour l’homme de nature en proie à une petite poussée libidinale toute femelle était bonne et que c’est le concours de beauté permanent propre à l’état social qui est cause de tous nos chagrins et drames d’amour. Voyez la guerre de Troie provoquée par une élection de miss monde qui a mal tourné. C’est pour éviter ce genre de chose que le mariage inviolable a été institué.

Quel est le meilleur système ? Sotte question. Il n’y a pas à choisir. L’humanité a vécu depuis 10 000 ans sous le régime du mariage inviolable. Nous sommes les enfants de ce système mais il est en train de se désagréger depuis peu. C’est le doigt de Dieu, disait Tocqueville, qui a tracé la courbe de cette évolution.

Les sociétés arabo-musulmanes actuelles sont tiraillées entre une tradition encore vivante et le sortilège de la modernité. Cette modernité révulse les esprits traditionalistes comme le respect de la tradition scandalise les modernes. C’est la modernité qui l’emportera si le principe de Peter est avéré : quand un système commence à se déglinguer, il va se déglinguer de plus en plus.


Photo : vu à Noailles.

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