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Travailler au café


Rien de plus difficile que de trouver un café à sa mesure. Ni trop chaud ni trop froid. Qui ne sente pas trop la bière ni la vinaigrette. Animé mais pas bruyant. Un éclairage discret mais suffisant. Des tables et des sièges en bois ou en osier. Par chance, il y a le Café des thés à 100 mètres de chez moi sur une petite place qu’on dirait à Cucuron. Tout est parfait, le style, la propreté, un fond de jazz discret, un patron charmant et spirituel avec qui j’échange toujours un petit mot. J’y ai passé une heure ce matin avec Bruno (Grillo) et nous avons refait le monde, qui en a bien besoin. Descendu en ville cet aprem avec Michèle, j’avais mon ordi sur le dos et, quand elle est allée acheter des draps aux Galeries Lafayette (c'est les soldes), j’ai pris la tangente et suis entré au Café de la Banque derrière la Préfecture. Décidément, ce café coche toutes les cases et m’y voici pour une bonne heure.

C’est bête, mais s’attabler seul dans un restau, c’est difficile. Ça fait loser ou commercial en déplacement. En groupe, je n’aime pas non plus, on est pris par la conversation et peu attentif au menu ni à l’esprit du lieu. Il faut être en couple. Alors, je ne connais rien de plus troublant qu‘une table bien mise avec une belle assiette bien ronde sur une nappe bien blanche, embrassée par des couverts qui vous tendent les bras comme une femme hospitalière.

J’ai égaré une carte postale que j’aimais, en noir et blanc, sur laquelle on voyait deux femmes au balcon qui agitaient les bras en semblant dire « Hou, hou, Bruno ! Hou, hou ! » comme des éoliennes à l’horizon. Et même, une fois, à Ajaccio, j’avais disparu ! Michèle, Solange et Marie-Claude me cherchaient mais je restais introuvable… Pas de portables en ce temps-là. J’ai pensé à Racine : Vous me cherchiez Madame ? Un espoir si charmant me serait-il permis ? Alors trois à la fois !

Oui, une belle table de restaurant avec ses deux bras, pardon ses deux couverts, bien préparés comme deux lèvres, comme les draps d’un juste lit, c’est l’image du bonheur. Tous les sens sont satisfaits et la conversation devra être piquante.

Dans un café, au contraire, rien n'est donné. On est un voyageur sans bagage. Nul ne sait d’où il vient ni où il va. C'est peut-être un écrivain doué d’ubiquité. Une femme seule dans un café, c’est qu’elle est en attente. Un homme, c’est plutôt lui qu’on attend, même si on n’ose pas l’aborder. Je suis très bien chez moi, mais, des fois, dans le creux de l'après-midi, j’ai besoin de changer d’ambiance et je vais passer une heure ou deux tantôt au Café des thés, tantôt au Café de la Banque. Une petite aventure,

Maman, elle dira rien, comme disait un jour à la télé un pénichier qui prenait la permission de faire faire faire un petit tour aux touristes de passage...

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