Ce bon vieux mythe chrétien
Hier, on est allé à la messe de Ansouis. C’est mon église préférée, une sorte de grotte avec des objets de culte baroques, qui n’a pas été restaurée depuis le Moyen Âge. Un prêtre espagnol, un très beau garçon plein d’humour, a parlé d’Isaïe, qui avait dit, huit siècles avant J-C : Un enfant nous est né, un fils nous a été donné (9, 6) et de Virgile, qui, en - 37, avait aussi parlé d’une Vierge et de la naissance d’un enfant (Buc. Égl. IV). Pas étonnant : quoi de mieux qu’un enfant pour annoncer un espoir de renouveau dans une société corrompue ? Ensuite, il a parlé de l’étable où est né Jésus au milieu des animaux, et de ses premiers témoins, des bergers avec leurs moutons. Il a dit que cet abaissement au niveau du prolétariat le plus vil, parmi les bêtes, portait dans son ventre une contestation de toutes les grandeurs sociales abusives, un mode de classement tout nouveau, comme dirait Bourdieu, dans un monde dominé par les brutes et par les riches. Même les rois (mages) sont venus adorer l’enfant. Quelle humilité !
Après, le curé a parlé de communion. La commensalité, comme on sait, est le propre de l’homme et, en effet, toutes les civilisations organisent rituellement des agapes fraternelles pour resserrer les liens. Mais ce sont des sortes de mess des officiers, de clubs anglais où ne sont admis que les mâles de la tribu. Tandis que là, sont admis même les femmes, mêmes les esclaves, mêmes les étrangers.
Bien sûr, il faut un Président à ce repas pour servir de point sublime selon la règle du Un pour tous / tous pour un. Mais il ne faut pas que ce Président soit un humain qui risquerait d’abuser de ses prérogatives comme ça arrive toujours. Jésus sera ce Président parce qu’il a gardé l’esprit d’enfance que les hommes perdent le plus souvent en grandissant.
Le sublime dans l’humilité, il m’a semblé que c’était une bonne idée et que notre bon vieux mythe chrétien avait, en effet, dans le ventre de quoi donner à penser en notre temps de mondialisation.
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