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Une journée au centre juif Yavné


À l’invitation d’Emmanuèle, j’ai passé mon dimanche à cette journée d’étude (limoud) consacrée à l’idolâtrie. Une épreuve vraiment, vu que je ne tiens pas en place plus de 5 minutes sur une chaise et que l’idolâtrie ne fait pas partie des questions qui me tracassent vu que je broute à toutes les religions, idolâtrie ou pas, et que le mot de Saint Paul La lettre tue / l’esprit vivifie me sert de viatique et de passe-partout. Économie de moyen.

J’ai beaucoup souffert mais je ne regrette pas. Au mur, les photos des pauvres otages du Hamas. Dans les conférences, un public averti et ouvert, très réactif et très érudit. C’est une expérience que de se plonger dans cette ambiance d’étude savante qui n’est pas la mienne mais fondatrice d’une identité parmi les plus résilientes de notre monde en voie d’uniformisation. Merci et respect.

Je ne dirai rien trop sur le fond, j’ai dit pourquoi, mais j’ai observé les conférenciers de profil. L’un a lu à toute vitesse un texte de 25 pages intéressant et bourré de références, qui a laissé son auditoire KO. Après, un gentil curé a répété qu’on pouvait vénérer les saints mais n’adorer que Dieu. OK. Marie et les saints ne sont donc que des intercesseurs. Ave Maria, ora pro nobis veut donc dire prie Dieu à notre place et non pas en notre faveur, nuance ! Après, il y avait des universitaires très universitaires d’habitus, avec le phrasé académique typique et les implicites maison.

Et, comme souvent, le meilleur est pour la fin, quand le jour décline et que la patience est à bout. Alors là, j’ai été soufflé ! Un acrobate parlant 5 langues, à commencer par l’hébreu, l’arabe et peut-être le farsi, prononçant les kh et les rh à vous arracher le gosier debout les mains dans les poches, se balançant comme un ours. Le teint buriné du bûcheron ou du travailleur de grand air. Une voix de stentor qui m’a fait regretter de m’être assis au premier rang. Pas de micro ni de lunettes. Les épaules un peu voûté, pas celles de l’universitaire qui penche du côté de son lourd cartable mais celle du maçon qui a passé 20 ans à monter des sceaux de béton en haut d’une échelle. Le pantalon un peu fripé et le tif en bataille. L’érudition est souvent la qualité de la bêtise, mais là, une hauteur de vue qui zoomait sans cesse de l’analyse à la synthèse. Et, en plus, une bonne interaction avec son public, mais sans complaisance.

Si j’avais été une femme, j’aurais été subjugué.


Photo : merci à mon ex-élève de Bastelica qui me l'a envoyée ce matin.

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